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Empreinte et collectivitésRetour au sommaire L’empreinte écologique et les collectivitésDeux étudiantes de l'Ecole des Mines de Saint Etienne, Léa baillot-Smolarski et Elsa Pernot, ont mené une étude comportant : une analyse contextuelle du développement durable dans les territoires ; de nombreuses études de cas (Bedzed, Fribourg, Unley, Barcelone...) et une analyse de l'empreinte écologique comme outil de planification stratégique pour les territoires. Voir documents complets Etude contextuelle urbanisme durable - 2004.pdf Etude d\'initiatives collectivités locales - 2004.pdf Etude de cas BedZED - 2004.pdfUn outil de démocratie participative L’étude avait pour objectif de déterminer comment favoriser la mise en place d’initiatives de développement durable par les collectivités territoriales en France, et d’évaluer le rôle que l’empreinte pouvait jouer dans ce cadre. Elle a été déclinée en trois volets destinés à faciliter la mise en œuvre de solutions concrètes :
Analyse contextuelle de la mise en place des initiatives de développement durableUne première étude a porté sur les fondements de l’urbanisme durable en incluant une perspective historique de la ville. Un cloisonnement dû à des obstacles verticaux Jusqu’à la Première Révolution Industrielle, les villes ont crû de manière organique. A partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la croissance démographique élevée et l’augmentation du pouvoir d’achat a fait croire à une capacité de croissance infinie, engendrant de multiples excès. Ainsi de 1960 à 1973, la consommation d’énergie a augmenté de 91 % et l’utilisation de l’automobile s’est banalisée. Entre 1965 et la fin du siècle, l’espace urbanisé a doublé. La prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux des politiques urbaines ne s’est faite que tardivement, à partir des années 1960. Les travaux du Club de Rome, en 1972, qui mettent en évidence les limites de la planète en terme de ressources naturelles et de capacité de charge en substances nocives, ont marqué le coup d’arrêt à la conception de la ville au service de la croissance. Une analyse détaillée des acteurs et des textes de référence de l’urbanisme et du développement durables a montré que c’est au cours des années 1990 que les organisations internationales ont engagé de nombreuses actions pour promouvoir l’intégration des principes du développement durable au sein des politiques locales. La conférence de Rio, organisée en 1992 par les Nations Unies, a marqué un tournant dans l’engagement des Etats et des collectivités locales pour le développement durable. Les gouvernements ont adopté le programme Action 21, s’engageant ainsi à ce que leurs collectivités mettent en place des Agendas 21 Locaux, en reprenant les objectifs globaux du programme Action 21 et en les concrétisant à travers un programme d’action, une démarche d’amélioration continue et un protocole de consultation participative. La Charte d’Aalborg, en 1994, a complété cette démarche, en définissant la politique à mettre en place pour répondre aux principes du développement durable des territoires. Les villes européennes ont alors totalement rompu avec l’approche fonctionnaliste des cités, responsable de nombreux dysfonctionnements sociaux et environnementaux. Malgré une impulsion des grandes institutions, les actions concrètes ne suivent pas toujours. L’engagement des pays et villes européennes dans ces démarches varie, si on se base sur les chiffres suivants :
Ces données laissent penser à un retard de la France dans la mise en œuvre des principes du développement durable au niveau local par rapport à de nombreux pays européens. L’objectif de cette étude a été de déterminer les obstacles en matière de contexte réglementaire, économique et socioculturel français qui tendent à freiner la mise en place des initiatives locales. Elle inclut une analyse de l’organisation et des processus internes aux collectivités. Etude de l’empreinte écologiqueUn outil transversal et intégrateur compréhensible par tous Une étude approfondie de la méthodologie de calcul de l’empreinte écologique et de son applicabilité aux collectivités locales a été entreprise. Deux méthodologies existent :
Les deux présentent des avantages et inconvénients. Le choix se fait au cas par cas, suivant la disponibilité des données relatives au site traité. ![]() L’analyse se fait par secteur (par exemple : alimentation, logement, transport, biens de consommation et services, pour la ville de York). Chaque catégorie est divisée à son tour selon sa nature pour reformer le cycle complet du métabolisme de consommation. Un arbre est ainsi élaboré, comme présenté sur la figure ci-après, retraçant les ramifications de l’organisation de l’activité humaine dans la collectivité et permettant la récolte des données dans chaque catégorie pour la mise en œuvre du calcul. Ces travaux montrent l’intérêt d’une démarche transversale afin d’identifier les enjeux et les leviers d’action. Mais le calcul de l’empreinte d’une collectivité en tant que tel n’a pas grand intérêt. Il est nécessaire, pour appréhender toute la puissance de l’outil, de procéder par une approche de scénarii, dans lesquels l’empreinte du territoire peut être analysée et comparée au final. L’outil permet alors d’estimer l’impact de différentes options d’aménagement du territoire et de dégager des leviers d’action pour la mise en place de modes de vie durables.Une enquête d’opinion a été réalisée auprès de certaines collectivités françaises afin de connaître leur point de vue sur l’outil. De façon générale, l’empreinte écologique est perçue comme un outil intéressant en terme de sensibilisation et pédagogie. En effet, l’hectare et la planète sont des unités connues et appréhendables par tous, qui permettent donc de communiquer facilement auprès du grand public. L’empreinte écologique présente de plus une transversalité rare parmi les indicateurs. Les faiblesses les plus fréquemment relevées sont des problèmes de méthode et de précision par rapport à une utilisation de l’outil en tant qu’indicateur. Les collectivités sont sceptiques vis-à-vis des hypothèses retenues pour le calcul, en matière d’empreinte énergétique et de prise en comte des toxiques en particulier. Elles reprochent à l’outil de manquer de sensibilité. De plus, l’empreinte écologique ne répond pas aux attentes des collectivités qui recherchent un soutien méthodologique et technique dans la mise en œuvre de projet. Ce reproche est justifié, mais il témoigne de la confusion des élus entre les démarches de développement durable, les solutions techniques à mettre en œuvre et les outils à leur disposition. De manière générale, il ressort de cette étude que l’intérêt de l’empreinte écologique en tant qu’outil d’aide à la décision est encore assez peu connu. Or elle constitue un outil précieux pour pointer les éléments directement accessibles par des initiatives des collectivités et appréhender les échelles sur lesquelles les actions vont avoir des conséquences. Ainsi, bien souvent les mesures prises au niveau local affectent le comportement de nombreux acteurs, garantissant des résultats d’ampleur. Par exemple, un approvisionnement en produits alimentaires locaux des cantines municipales entraîne une réduction conséquente de l’empreinte alimentation de la collectivité, enjeu important puisque ce secteur représente en moyenne 30% de l’empreinte totale. La perception de l’empreinte doit donc changer. Celle-ci ne doit pas être considérée comme un indicateur qui donne uniquement un résultat sous forme de chiffre et rien de plus, mais au contraire comme un outil fort d’aide à l’élaboration de scénarii et au dégagement d’axes d’action, ainsi que comme un outil de suivi des démarches de progrès. Etude d’initiatives dans les collectivités locales à l’étrangerDe l’importance d’une démarche transversale Cette analyse a porté sur les initiatives de mise en œuvre d’un développement durable à l’échelle d’une communauté. Sur les centaines de cas référencés par divers organismes (dont notamment l’ICLEI), six initiatives phares faisant référence ont été étudiées, afin d’appréhender les contextes qui ont permis leur réussite et de comprendre quels sont les leviers sur lesquels on doit agir en France pour pouvoir envisager les mêmes types d’action. Une analyse poussée a ainsi été effectuée sur :
L’étude de ces initiatives permet d’évaluer les impacts que celles-ci ont eu sur l’environnement des collectivités, les habitudes des gens et les politiques qui ont suivi. La comparaison des différentes approches confère une meilleure compréhension des atouts et des difficultés rencontrés pour une concrétisation efficace des projets. En outre, certaines initiatives permettent de montrer du doigt les carences et les forces des actions entreprises ailleurs. Nous avons ainsi pu mettre en évidence que de façon générale la mise en place d’initiatives est étroitement liée au contexte spécifique de chaque cas. Les collectivités développent un type d’action pour faire face à une demande du territoire, politique ou culturelle. L’importance de prendre des dispositions ancrées dans l’identité du territoire a été mise en avant : le comté de Devon a naturellement développé un réseau alimentaire, dans un pays qui a connu des famines destructrices, l’Australie, tributaire du transport par camion, se penche sur les émissions de gaz à effet de serre… Mais la plupart de ces villes se sont focalisées en priorité sur un problème auquel elles voulaient remédier a posteriori (exemple de Freiburg et du refus allemand de l’énergie nucléaire). L’information majeure issue de cette comparaison d’initiatives est que BedZED constitue le seul exemple où la globalité des enjeux a été prise en compte en amont du projet. Sa conception est passée par une démarche novatrice transversale et systémique à l’origine de sa réussite : le métabolisme et l’empreinte écologique. Le site a été conçu dès le départ dans l’objectif de réduire de 2/3 l’empreinte écologique des habitants, autrement dit de la ramener à une planète. Le fonctionnement et les usages des habitants futurs à l’échelle du quartier ont été totalement repensés. Cette approche a permis de rendre le quartier extrêmement efficace par une optimisation des circuits et des usages internes. Ceci visait à une réduction de moitié de l’empreinte écologique des habitants et a permis d’obtenir des résultats probants grâce à la mise en œuvre d’une réelle démarche de progrès (‘Do it fix it’). Perspectives pour le montage de projets urbains durables en FranceL’approche de métabolisme territorial, telle que le démontre Bedzed, peut faciliter la mise en place d’initiatives durables ambitieuses par les collectivités territoriales en France. Cette approche transversale et systémique suppose de dépasser le cadre ‘vertical’ des fonctions traditionnelles d’une collectivité. Pour ce faire, l’empreinte écologique, malgré ses imperfections, apparaît comme un outil d’aide à la décision intéressant : elle permet de réaliser des scénarios, d’en estimer l’impact au final et d’identifier les leviers d’action pour chaque collectivité. Elle permet aussi de mener en parallèle un travail d’éducation et de sensibilisation du public, et d’ancrer le projet dans son territoire. Une phase importante de réflexion en amont sur les usages et la prise en compte des spécificités locales est cruciale pour la mise en place d’actions simples et efficaces en terme de modes de vie durables. Des projets pilotes en la matière sont à l’étude en France. Il s’agit d’engager une démarche d’amélioration continue en bénéficiant du retour d’expérience des projets passés. Ces pilotes ouvrent de nouvelles perspectives… Equipe projet Encadrement : Thanh Nghiem (WWF-Angenius), Barbara Iriart (WWF-France), Natacha Gondran (EMSE) et Mathis Wackernagel (GFN) Stagiaires : Léa Baillot-Smolarski (EMSE) et Elsa Pernot (EMSE) Retour au sommaire
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